mardi 26 juillet 2011

Cophose à gauche, surdité sévère à droite




Voilà une petite patiente reçue la semaine dernière, accompagnée de sa grand-mère.  Difficile de dire quel impact la prothèse aura sur la vie et l'apprentissage de cette jeune fille; j'espère seulement qu'il y en aura un et qu'il sera positif, même s'il est minime, c'est déjà ça.

Un cas dont j'aimerais bien être en mesure de faire le suivi, mais disons qu'on en est pas encore à fixer des rendez-vous pour des visites de contrôle ici à la clinique d'audioprothèse de l'Institut...  Quoi que les patients peuvent revenir ou téléphoner s'ils ont un problème, ce qui est déjà bien à mes yeux.

lundi 25 juillet 2011

Des montagnes, des vaches et une fête vaudou...








Petite marche dimanche à Camp-Perrin ville voisine des Cayes.  On peut d'ailleurs voir la ville des Cayes et même sa cathédrale du haut de la montagne; le paysage est impressionnant, même par temps de pluie!

Au loin, on entend de la musique et en s'approchant, on découvre une fête vaudou (qu'on reconnaît à cause des drapeaux qui marquent l'endroit).  On rencontre des gens qui ont la gentillesse de nous amener vers la fête, puisque seuls, il aurait été un peu indélicat de se présenter comme ça sans avoir reçu d'invitation...  et on aurait peut-être pas nécessairement été les bienvenus...

On est reçus avec chaleur et on a même pu visiter le temple vaudou dans lequel on a partagé un petit verre avec le chef vaudou.  On nous a souhaité la bienvenue en musique et en danse.  C'est marquant de voir des gens qui possèdent si peu mais qui sont capables de faire la fête pendant des jours avec autant d'abandon et de sincérité.  Les femmes et les hommes dansent au son des tambours, maracas, flûtes et cloches, sous un mirroir, un épi de mais, des balais et d'autres trucs non-identifiés...  Ils sont beaux; je me dis que la musique et la danse sont définitivement quelque chose de commun à tous les peuples.

Grenadia


Un nouveau fruit que je n'avais jamais eu la chance de goûter avant, les grenadias (granatum).  Je ne suis pas experte en fruit; peut-être est-il dans la même famille que la pomme grenade que l'on connaît?  Le plus souvent, on le savoure sous forme de jus, mais j'aime bien aussi les manger au naturel; c'est juste à la limite du "trop concentré" comme goût, acide et parfumé, un peu surette-piquant?  Difficile à décrire...  Je dirais exotique pour faire court!  La texture et l'apparence sont un peu douteuses mais j'adore!  Tous les Haïtiens vantent les vertus aphrodisiaques de ce fruit...!

Fatras


Voilà un des déchets rencontré dans une de mes petites promenades...  Je l'ai trouvé un peu plus triste que les autres... 

mardi 19 juillet 2011

Tous les palmiers tous les bananiers









Port-Salut est une petite localité très chouette et accueillante et sa plage est vraiment belle.  On peut y voir le soleil se coucher dans la mer les pieds dans le sable et une Prestige bien fraîche à la main...  Et après si on est un peu patient, on a droit à un ciel étoilé hallucinant et si on est très très chanceux, comme moi, on peut même voir une étoile filante et faire un souhait.

Haïti c'est compliqué à comprendre et parfois un peu étourdissant; les moments de bonheurs simples comme ceux-là sont donc les bienvenus et rechargent les piles de la machine...

Devant la cathédrale...

 





Petite visite au parc pour moi samedi dernier.  Des étudiants qui récitent leurs leçons, des jeunes filles qui passent le temps entre amies, des hommes qui jouent aux dominos bruyamment (sûrement pendant que leurs femmes s'occupent des enfants et préparent le repas à la maison...), des enfants qui s'amusent à monter dans les arbres, des funérailles dont on entend des cuivres au loin qui marquent la sortie du cercueil de la cathédrale et le début de la procession...  et moi qui observe la vie qui passe...

jeudi 7 juillet 2011

Baisser les bras?

Premiers instants de découragement pour moi cette semaine.  Enfin, ce n'est pas du tout les premiers (!!) mais disons qu'ils sont un peu plus difficiles à surmonter aujourd'hui que les autres jours...  C'est peut-être aussi l'accumulation de toutes les petites choses tassées dans les coins en attendant le grand ménage?  Je disais que je me posait des questions récemment, et bien j'ai reçu quelques réponses avec mes dernières péripéties...

J'hésite beaucoup à raconter les difficultés rencontrées puisque ça donnera raison à un paquet de monde qui remettent en question le travail des OSBL ou ONG ici en Haïti, particulièrement.  Mais il faut considérer tellement d'éléments, en commençant par l'éducation et la culture des gens d'ici avant de remettre en question l'aide et la formation qu'on apporte.  C'est essentiel de rester ouvert et de tenter de comprendre même si parfois c'est difficile....  comme ça l'est un peu pour moi depuis hier.  Je parlerai d'audioprothèse alors pour ceux qui ne se sentent pas concernés, passer votre chemin!

Ça commence hier matin avec un patient qui se pointe avec une prothèse défectueuse.  Je remarque que l'embout n'a pas été fabriqué sur mesure pour le patient par la technicienne.  Elle a tout simplement pigé dans sa boîte de vieux embouts pour trouver quelque chose qui allait à peu près pour le patient.  Quand j'ai questionné la technicienne, elle m'a fait toute une histoire; le patient a perdu son embout (et pas sa prothèse!!??) et elle lui a filé un vieil embout pour le dépanner, il ne voulait pas payer.  Bon.  OK. 

Ça continue avec une autre patiente qui se plaint que la prothèse ne fonctionne pas.  Elle aussi porte un embout usagé mais en silicone, tout bouché de cérumen.  La technicienne me refile la prothèse pour que je vois ce qui se passe.  Elle me dit que l'embout sur mesure qu'elle lui avait fabriqué (en lucite, matériau dur) lui faisait mal.  Bon...  Avec le recul, je sais que j'aurais dû regarder ça avec elle, lui montrer ce qui n'allait pas et faire le travail avec elle ou encore mieux, le lui faire faire, en la supervisant.  Mais j'étais trop fâchée pour avoir du tact et je voyais bien qu'elle n'avait pas envie de s'en occuper...  La prothèse fonctionnait mais n'étant pas vraiment équipée pour faire de nettoyage en profondeur, j'ai refilé une autre prothèse à la patiente.  J'ai changé le tube de l'embout.  Pas moyen de savoir si les dires d'Arlette par rapport à l'embout étaient véridiques, la patiente ne parlait pas français.  Avoir le test d'audition de la dame pour faire l'ajustement de la prothèse?  Ça fait longtemps qu'elle est venue, c'est compliqué à trouver...  Bla bla bla..  Bon...  J'ai ajusté sa prothèse de la même façon que l'ancienne.  Le pire dans tout ça c'est que cette personne est ressortie satisfaite.  Je sais que j'ai un peu fait fit de la façon de faire de la technicienne puisqu'en principe la patiente aurait dû payer pour une nouvelle prothèse, mais bon, à défaut d'avoir un embout sur mesure elle aura au moins une prothèse qui marche.  Il m'est passé par la tête de tout #"$%?&* les vieux *&%?$#" embouts poisseux qui traînent dans les armoires du local d'audioprothèse... oh la la!!  je me retiens...

Et ça continue encore avec des TDH 39 intermittents à l'oreille gauche (au secours!); le fil est à découvert à certains endroits...  En faisant un test, je questionne la technicienne "Est-ce que la patiente t'a dit qu'elle entendait mal avec son oreille gauche?" ce à quoi elle me répond oui.  Je doute, la technicienne va vérifier et on s'aperçoit que les seuils remontent magiquement...  à mon grand désespoir.  Elle me dit qu'elle le sait depuis longtemps, mais pas la seconde technicienne en cours de formation qui travaille aussi à l'audiométrie.  Je soupçonne quelques surdités à l'oreille gauche diagnostiquées par erreur à certains patients... 

Ça se termine par une discussion avec un ophtalmologue, directeur médical et Africain d'origine, sur l'éducation et le travail en Haïti.  C'est un constat attristant, mais les jeunes ici s'instruisent en apprenant leurs leçons par cœur (ça arrive souvent de les voir réciter à voix haute ici et là, parfois sur le terrain de l'hôpital, parfois dans un bar ou un café), pas de place pour le développement de la pensée critique et de l'initiative.  Le travail est machinal dans la plupart des cas, c'est la reproduction des gestes après une période d'observation, sans se poser de question.  Comprendre pourquoi on fait ces gestes?  Ce n'est visiblement pas la priorité...

La conclusion: baisser les bras...?

Non, jamais, pas question!!!!  Il faut juste tenter de s'insérer dans cette réalité et essayer de la faire évoluer, petit à petit...  très petit à très petit... ce que je m'efforce de faire ici...  avec patience.

mardi 5 juillet 2011

Les archives



Il y a des choses qu’on essaie de fuir dans la vie mais qui nous rattrapent toujours.  Ceux qui connaissent un peu mon parcours professionnel vont vraiment se payer ma tête (ou avoir pitié, ou peut-être les deux, je ne sais pas!?) en lisant ça...

L’Institut Brenda Strafford compte près de, tenez-vous bien, 300 000 dossiers patients.  Aucun de ces dossiers n’existe d’une manière informatisée; pas moyen de faire de ménage ou de statistiques.  Plusieurs dossiers ont le même numéro et plusieurs sont perdus et impossibles à retrouver; la recherche est fastidieuse, pensez à une aiguille dans une botte de foin, ça donne une bonne idée....  Vous me voyez venir j’imagine...!  Étant donné que j’étais à la recherche de travail pour meubler les temps morts de la journée, j’ai hérité de la tâche, un véritable travail de moine, de saisir un à un les dossiers dans les archives.  (C’est maintenant que vous pouvez rire de moi)  Bon, je suis tout à fait libre de mettre fin à ce contrat quand je veux et je peux aller à mon rythme, si j’en ai trop marre j’arrête, ne vous en faites pas trop pour moi...!  Je suis en train de me dire que c’est drôle parce qu’à chaque fois que j’hérite d’un travail d’archives, le nombre de dossiers augmente de manière exponentielle!

C’est un travail chiant, n’ayons pas peur des mots, mais qui doit absolument être fait pour l’hôpital et ce sera merveilleux pour les employés quand ce sera complété!  (Voilà ce que je me dis pour trouver la motivation...!)  Ça me permet au moins de me familiariser avec les noms et prénoms haïtiens (je suis toujours là pour voir le côté positif des choses!), et je trouve des perles, croyez-moi!  Ils ont de l’imagination en tout cas...

Je ne sais pas ce que j’ai avec les archives, mais j’ai comme l’impression que ça va me suivre encore un bout...

*Pour ceux qui ne comprennent pas et qui sont curieux, vous me questionnerez et je vous expliquerai avec plaisir la nature de ma relation tumultueuse avec les archives...

lundi 4 juillet 2011

Chronique météo

Je crois que jusqu’à maintenant, je n’ai pas vraiment parlé de la météo...  Je ferai donc un court résumé très évocateur: L’Haïti en été, c’est suant!

Étrangement, je semble mieux tolérer la chaleur que certains Haïtiens.  On m'a fait là-dessus une remarque que je trouve plutôt sensée: "tu dois avoir un déficit de chaleur à rattraper à cause de ta situation géographique d'origine."  C'est peut-être aussi parce que j'adore lézarder au soleil!

Parce qu'une image vaut parfois mille mots


NATURALLY HAITI from David Belle on Vimeo.

Le plus drôle là-dedans c'est que moi je n'arrive qu'à en voir la moitié à cause de ma connexion Internet bipolaire...!!  C'est une vision esthétisante d’Haïti, oui, mais c'est certainement un de ces nombreux visages...  et c'est inspirant à regarder.  Et c'est d'autant plus chouette que ça me fait un peu penser à ma vie d'avant... 

dimanche 3 juillet 2011

Chronique culinaire


Ceux qui me connaissent seront surpris de constater que je n’ai toujours pas parlé de nourriture!?  J’ai mangé la chose la plus drôle de ma vie cette semaine, ce qui m’a fait réaliser que je n’avais toujours pas abordé le sujet de la cuisine par ici.  Je crois que le non officiel de la chose est « bouilli » et qui est en fait, aux premiers abords, un genre de crème de blé (le truc qu’on donne au bébé là?) sucré et épicé avec de la cannelle.  J’ai appris par après qu’il s’agissait de spaghettis et de carottes bouillis sucrés et assaisonnés de cannelle puis passé au « blender »...!!  :)  Déconcertant mais tellement réconfortant! 

Ça m’arrive d’aller donner un mini coup de main aux cuisinières; encore hier je suis allée tailler des biscuits en forme de cœur!  Parlant de cœur, ces cuisinières en ont un immense parce que leur cuisine est pleine d’amour et les plats sont toujours délicieux.  Je ne sais pas comment elles font puisque la cuisine de l’Institut est probablement l’endroit le plus chaud au monde quand le four fonctionne (et il fonctionne toujours!).

C’est drôle parce que les plats que je mange ici sont semblable à ce qu’on mange chez nous en hiver pour tenter de se réchauffer...  des bouillons ou des genre de ragoûts, toujours des plats en sauce, servis avec le traditionnel et non moins délicieux riz (qui est parfois baigné lui-même dans la sauce au pois)!  J'aime!

vendredi 1 juillet 2011

Se poser des questions

Nous sommes aujourd’hui le premier juillet; déjà un mois complet que je suis partie et c’est comme si c’était hier...  Merci à tous ceux qui me donnent des nouvelles, je reçois toujours vos courriels avec bonheur (oui oui, bonheur!) et intérêt!

Je recevais justement aujourd’hui un courriel d’une amie en audioprothèse ;) qui me disait qu’elle admirait le travail que je faisais ici.  C’est drôle parce que très souvent je me demande si c’est utile ce que je fais, si c’est justifié que je sois ici... et je me dis que c’est tellement tout petit que ça n’en vaut peut-être pas la peine (?).  Et puis ce que j’essaie tant bien que mal d’enseigner à la technicienne qui est ici à l'année, va-t-elle le laisser tomber une fois que j’aurai quitté?  Que va-t-elle en retenir?  Impossible de le savoir ou de vérifier...

Par contre j’accorde énormément de valeur à ce que moi j’apprends ici; je crois beaucoup en l’échange occasionné par ce genre de projet.  Tout ce que je peux faire pour me dégager de ces questions qui me reviennent souvent, c’est essayer de faire de mon mieux...

Voilà la meilleure réponse que je peux trouver à mes questionnements et qui peut arriver... à me faire dormir sur mes deux zòrèy...!

;)