jeudi 30 juin 2011

The result is TOP quality...


by Egger by Institut Brenda Strafford!

Première vraie récompense pour moi cette semaine: premier sourire spontané de la part d’un petit garçon d’une dizaine d’années suite à son appareillage!  C’est mon unique salaire cet été, alors je le prends volontiers! :)

J’aime bien la clinique « de brousse » qu’on a ici; il manque bien sûr de l’équipement à la fine pointe (et parfois des trucs de base aussi!), mais bon, on réussit quand même à faire des gens satisfaits avec le peu qu’on a.  Les gens ne se plaignent jamais ici, ou très rarement (ou je ne les comprends pas quand ils se plaignent!?).

À chaque embout que j’ai l’occasion de fabriquer, il y a les paroles de mon prof d’aspect technique en audioprothèse qui reviennent me hanter: « les mecs qui fabriquent des embouts dans les compagnies sont entraînés pendant des mois avant de se lancer dans la production... ».  Euh... moi j’ai pratiqué avec quatre ou cinq embouts avant de me lancer dans la production...  mais j’essaie de faire de mon mieux avec mes dix doigts, mon dremel et mon papier sablé!

;)

Ne pas s’entendre + ne pas se comprendre


Petite anecdote de travail...  J’essaie un peu, mais je suis loin de parler créole.  Parfois les patients parlent un peu ou pas mal le français, parfois pas du tout comme c’était le cas d’un patient que j’ai eu la semaine dernière avant l’arrivée de la technicienne haïtienne, qui venait pour être appareillé.  J’ai vaguement compris de ses explications en créole que son oreille coulait et que ça lui causait des problèmes.  J'ai noté qu'il avait une fistule pré-auriculaire, mais ma connaissance de la chose se résume à connaître le nom et de quoi la patente a l'air...  J’ai quand même fait son embout pour sa prothèse puisque l’ORL lui recommandait le port d’une prothèse...

À l’arrivée de la technicienne, on a pu lui poser plusieurs questions pour se rendre compte que ce qu’il désirait vraiment c’est qu’on arrête les sécrétions de ses oreilles, il en avait rien à cirer d’avoir une prothèse (qu’il trouvait d’ailleurs trop grosse et laide...  c’était un jeune branché haïtien!).  Il est donc reparti les mains (ou les oreilles!) vides pour tenter en vain de revoir l’ORL.

Quand il est parti, la technicienne m’a dit que c’était un ex-détenu qui avait passé six ans en prison.  J’ai eu un petit moment de panique (très très petit je vous rassure!) puisque nous n’avions pas réussi à l’aider. Heureusement pour nous, il a dû se résoudre à vivre avec son problème parce qu'il n’est pas revenu...!

Blackout


Le travail à l’Hôpital se passe bien, mais je dois dire que les journées sont plutôt tranquilles.  Les patients viennent le matin et sont vus par les médecins en avant-midi seulement.  La journée se termine officiellement à 14h je crois, mais il est rare qu’on reste jusque là.  Nous avons donc des patients en avant-midi seulement pour l’audiométrie et parfois pour des prothèses auditives.  Pour donner une idée, depuis mon arrivée (un peu moins de deux semaines), on a appareillé seulement deux ou trois patients.

On peut dire que la routine s’est déjà installée pour moi ici (comme quoi où qu’on aille elle finit toujours par nous rattraper, hein!?).  Les journées se suivent et se ressemblent pas mal, rythmées par le doux ronronnement de la génératrice (en fait, elle fait un bruit d’enfer; un des ORL m’a fait remarquer en blaguant que je repartirais d’ici avec une perte d’audition, gracieuseté Brenda Strafford!).  Mais bon, la génératrice est nécessaire pour avoir de l’électricité et faire rouler l’Hôpital, ça fait partie du quotidien en Haïti, où l’électricité est plutôt capricieuse (elle n’est pas stable, ce qui chatouille parfois l’audiomètre qui devient un peu fou...). 

C’est tellement éloigné de notre réalité...  On s’imagine mal arriver au bureau le matin et devoir partir la génératrice pour pouvoir faire fonctionner l’audiomètre pour faire nos tests d’audition et autres bricolages audioprothétiques.  Lorsque nous étions à Port-au-Prince pour la formation, l’électricité était la majorité du temps trop instable pour faire fonctionner l’audiomètre (il affichait HELP sur son écran, oups!); nous devions donc demander de faire fonctionner la génératrice presque à chaque matin.  Le hic, c’est que celle-ci était collée sur le local d’audiométrie et nous ne pouvions pas fermer la porte de la cabine insonore puisque nous n’avions pas d’air climatisé dans le local (ça aurait été une torture pour les personnes que nous testions, étant donné la chaleur qu’il fait ici...).  Les tests se sont donc fait la plupart du temps au doux son de la génératrice!  Disons que ça a permis d’expliquer l’importance des conditions de test à nos élèves...

mardi 28 juin 2011

Minorité visible



C’est vraiment un sentiment spécial de marcher dans les rues (il n’y a pas de danger à sortir dans la ville ici aux Cayes, contrairement à Port-au-Prince où j’étais il y a maintenant déjà plus d’une semaine) et d’être la minorité visible...  C’est difficile à expliquer.  J’ai déjà un peu voyagé ailleurs, mais j’avoue que c’est ici que c’est le plus déroutant et que je me sens, disons comme la plus... différente... (blanche fluorescente, disons!)

Les gens sont très respectueux et il n’y a pas d’animosité (au contraire, les gens sont gentils!) mais on sent beaucoup de regards tournés vers nous, et parfois même les voitures ralentissent pour mieux nous observer...  Ça fait réfléchir et ça remet les choses en perspectives de se faire appeler « blanc! - blanc! » quand on sort prendre une marche en tout cas...  C’est une chose à essayer peut-être une fois dans sa vie...

samedi 18 juin 2011

Enfin la plage!



La plage du "resort" club Indigo, ancien Club Med visitée dimanche dernier: lait de coco, frisbee, hot dog et sable chaud!!  Je suis au paradis!  Ce qu'il y a de beau, c'est que demain, une autre plage m'attend...!  Les plages haïtiennes sont particulièrement belles, à cause des paysages de montagnes qui viennent se jeter dans la mer...

Furcy, la tête dans les nuages...

La fin de semaine dernière, j'ai eu l'occasion de me rendre jusqu'à Furcy, presque dans les nuages!  Je n'ai pas été déçue...  les paysages sont de toute beauté!!  J'ai fait une petite balade dans les montagnes (ça a fait du bien de se dégourdir un peu, sinon on est toujours trimballés d'une place à l'autre en voiture par nos chauffeurs...).  Notre guide, Alvio, nous a montré sa maison perchée dans ces montagnes...  c'est quelque chose...  Je me demande si j'accepterais ce confort rudimentaire dans ce décor spectaculaire...?






Audiométrie 101

 




Voici un petit résumé en photo de la formation des quatre futures techniciennes en tests de dépistage auditif.

PAP-Panorama!


vendredi 17 juin 2011

On n’a pas de routes, mais on a beaucoup de voitures!



C’était la constatation d’Onès, venu me chercher avant-hier à Port-au-Prince et découragé d’être coincé dans le trafic aussi longtemps. Ça m’a bien fait rire...!

Je suis arrivée au Cayes avant-hier soir, après quelques embouteillages et quelques heures de routes. J'ai été accueillie par rien de moins que la pleine lune, ronde et brillante... C'est drôle parce qu'il me semble qu'à ma dernière venue au mois de janvier, c'était aussi la pleine lune, sa lumière blanche éclairait la route, c’était impressionnant, presque magique...

Pour quelqu’un qui a le mal des transports, les routes haïtiennes peuvent causer quelques problèmes. J’ai la chance de ne pas avoir ce problème là; j’aime bien faire de la route puisque je peux profiter du paysage (tellement beau!)... et j’aime bien les moments de transition.

J’ai fait la route en compagnie de deux employés de l’Institut et la femme de l’un d’eux. Beaucoup de conversations en créole et de rires (les haïtiens ont un rire communicatif que j’adore, en tout cas, ceux que j’ai rencontré jusqu’à maintenant). Je ne comprends presque rien au créole, à part parfois le sujet de la conversation! On me dit que le créole du Sud est plus facile parce que plus francisé. Bon... ça m’encourage un peu. Plusieurs Haïtiens parlent un très bon français, alors j’ai la chance de pouvoir me faire comprendre (et de comprendre moi-même quelque chose!).

Première journée passée à l’Institut hier. Le but est de donner un coup de main à Arlette, la technicienne sur place depuis maintenant quelques années et de lui apporter des nouvelles notions, tranquillement. J’ai fait un peu de ménage dans l’armoire où les prothèses sont rangées aujourd’hui (clin d’œil à mes collègues étudiants en audioprothèse, beaucoup de prothèses Sonic!), en espérant ne pas vexer Arlette... Je lui ai dit ne pas se gêner et de me dire si quoi que ce soit n’allait pas avec ma façon de faire et je lui ai demandé si c’était correct que je fouille un peu dans ses affaires. Elle m’a dit que c’était ok, alors j’en ai profité. Selon le directeur des opérations de l’Institut, les Haïtiens sont plutôt réfractaires au changement... ils semblent d’accord pour les appliquer au début, mais ils reviennent vite à leurs anciennes habitudes...

mercredi 15 juin 2011

Si li pas dodo crab' la va manger

Moment volé...


... pendant le cours de musique du vendredi à l'école St-Vincent pour enfants handicapés.

Souvenirs d'Haïti




Un aperçu de l'artisanat qu'on trouve un peu partout sur le bord des routes. J'aime particulièrement le travail du métal... Je me promets d'en rapporter quelques morceaux.

J'ai vu des pièces d'art Vaudou que j'ai trouvé vraiment belles quand je suis allée passer la soirée à l'Hôtel Oloffson pour écouter la musique du groupe haïtien RAM (cet endroit est magnifique, allez jetez un coup d'oeil au site Internet! Il y a certainement des fantômes qui le hantent!! Et puis la musique de RAM entre les deux oreilles = wow!!). Si j'arrive à en trouver, j'en ramènerai pour sûr, à moins que ça ne m'amène le mauvais œil...??!!Lien

Blitz d'appareillage!




Voilà quelques images du "blitz" d'appareillage que Mélanie et moi avons réalisé lors de nos premières journées à l'école pour enfant handicapés St-Vincent.

Je crois qu'on peut dire que nous avons "livré la marchandise" (!!) puisque nous n'avions pas beaucoup de temps pour remettre les prothèses aux quelques 40 enfants... Le tout s'est quand même très bien passé, même si nous avons dû travailler le samedi matin pour terminer dans les temps et pouvoir commencer la formation du lundi.

Il y a toujours quelques imprévus qui nous empêchent de suivre nos planifications nord-américaines... Ainsi, le jour de notre arrivée à Saint-Vincent, on apprend que c'est un jour de fête, donc férié, et que les enfants ne sont pas là pour recevoir leurs appareils... Bon. Nous livrons les appareils des enfants qui résident à l'école et nous repartons en se disant que demain nous reprendrons le temps perdu... Il faut faire avec les imprévus ici, pas le choix, sinon on passe un bien mauvais moment... et on repart déçu...

lundi 13 juin 2011

Entre mes deux zòrèy...

Depuis jeudi, le soleil est sorti et rayonne fort...! Vraiment fort!!! Il y a eu beaucoup de pluie ici... toute la première semaine que j'ai passé avec l'équipe de Team Canada Healing Hands en fait. Je ne me souviens pas avoir vu de plus fortes averses pour vous donner une idée! Bien évidemment, ces pluies ont eu des conséquences tristes ici, Cyberpresse parle de 28 morts. Le toit de tôle de la résidence où je loge actuellement n'a pas résisté, on peut s'imaginer ce qui s'est passé pour les sinistrés qui sont toujours dans les tentes... et ils sont nombreux...


Mes deux semaines à Port-au-Prince sont déjà presque terminées... Pour vous mettre un peu dans le contexte et pour ceux qui ignorent le but de ma visite ici, je vais tenter de résumer le pourquoi de mon voyage ici... En espérant ne pas trop vous ennuyer...!

Ce qui m'amène ici, donc, c'est surtout un désir de changement, de sortir du quotidien, un désir d'être dépaysée et complètement perdue parfois (c'est comme un genre de bouton "reset" pour moi), le désir de voir des choses qui me surprennent, qui me choquent et qui me dérangent aussi parfois. Je me promet d'ouvrir grand les yeux et le cœur sur ce que je trouverai ici et de profiter de tout avec appétit! Il y a aussi le sentiment d'apporter quelque chose et d'aider, c'est certain. Ce que je fais ici n'est pas énorme, certes, mais c'est une petite goutte dans l'océan et j'imagine qu'elle finira par prendre son importance quand elles se joindra à toutes les autres petites gouttes dispersées ici. Il y a beaucoup à faire et ça peut être décourageant pour certains. Les choses se font lentement, mais je pense qu'il ne faut pas baisser les bras pour autant.

La première semaine, je l'ai passée en compagnie de l'équipe de Team Canada Healing Hands dont une audioprothésiste avec qui on a partagé le travail. Nous avions à livrer des prothèses pour 48 personnes (ouf!), dont la plupart des enfants de l'école Saint-Vincent pour enfants handicapés. La deuxième partie de notre travail consistait à donner une formation à quatre futures techniciennes qui feront les tests de dépistage auditif. Il y a un projet d'ouverture d'une clinique permanente de prothèse auditives ici à Port-au-Prince (projet réalisé en partenariat avec Team Canada Healing Hands et Audioprothésistes Sans Frontières) et il s'agit un peu de la première étape pour sa mise sur pied.

À la fin de la formation, le 15 juin, je me dirigerai vers les Cayes et l'Institut Brenda Strafford où se trouve la seule clinique de prothèses auditives en Haïti. Je donnerai un coup de main à la technicienne qui y travaille à l'année et je continuerai sa formation (audiogramme, prise d'empreinte, fabrication d'embouts, appareillage, mesures in vivo). Un beau défi pour l'étudiante que je suis puisque ces notions sont toutes fraîches...!

Voilà pour le résumé! En espérant que vous me suivrez dans mes aventures. Je vais tenter d'être plus acharnée au cours des prochaines semaines!Lien

samedi 4 juin 2011

Toute la pluie tombe sur moi...


La mode par temps pluvieux à Port-au-Prince: le bonnet de douche! Ça me fait sourire! :) Je l'adopte à mon retour à Montréal...?

mercredi 1 juin 2011

37 kilos

J’ai quitté Montréal ce matin avec 37 kilos de bagages; j’ai jeté un œil à ma valise en me disant qu’elle sera ce qui se rapproche le plus de ma maison pour les dix prochaines semaines... sentiment étrange!

Je me suis envolée ce matin avec beaucoup de craintes, de questionnements et de doutes (et ils vont me suivre un bout de temps ici j’imagine...), mais je crois tout de même être à la bonne place au bon moment malgré toutes mes appréhensions... Je me laisse le temps d’arriver en douceur en Haïti et je vais tenter d’utiliser tous les outils dont je dispose pour faire en sorte que l’aventure soit positive.

On s'en reparle puisque je vais me coucher (et que je me fais manger par les mouches)!